Page 9 - TESTARD_Claude
P. 9

recouraient trop souvent aux voies de fait et à l'abus de la force pour faire cesser
                 ces bruits importuns.
                 Un  ennemi  vaincu  ne  fut  jamais  un  ennemi  pour  Claude  TESTARD.  Il  souffrait
                 comme les autres, peut-être plus que les autres, en raison de l'impatience naturelle
                 de son caractère. Cependant, la seule vengeance qu'il se permettait, lorsque les
                                              rassemblements  venaient  sous  sa  fenêtre,
                                              c'était de leur verser une potée d'eau sur la
                                              tête,  et  de  se  débarrasser  ainsi  des
                                              importunités par un moyen qui le faisait rire
                                              lui-même et ne faisait pleurer personne.

                                              L'année 1803, au camp de Boulogne, il faillit se
                                              noyer en travaillant à la construction du fort
                                              de  droite,  et  de  1805  à  1813,  il  est  tantôt
                                              stationné à Brest, tantôt à Anvers, soutenant
                                              contre  les  Anglais,  à  force  de  courage  et
                                              d'audace, une lutte par trop inégale. Mais le
                                              commencement de la fin se faisait déjà sentir.
                                              Napoléon,  le  vainqueur  de  l'Europe  et  le
                                              vaincu des éléments à son retour de Russie,
                                              appelle  le  Capitaine  TESTARD  à  la  Grande
                                              Armée,  apprécie  son  mérite  à  la  première
                                              entrevue et le nomme Chef de Bataillon le 13
                                              février 1813.

                 Le 13 février 1813, Claude TESTARD est promu Chef de Bataillon. Il est à bord du
                                         er
                 Friedland du 20 avril 1811 au 1  février 1813.  A quelques jours de là, son régiment
                 est passé en revue par l'Empereur lui-même.
                        -   Vos officiers sont-ils au complet ? demande Napoléon.
                        -   Non, Sire, répond le Commandant.
                        -   Eh bien, le 43 ème  vous complètera…
                        -   Sire, j'ai de l'étoffe comme lui pour en faire !
                        -   Ah, ah ! dit l'Empereur à qui cette franchise ne déplaisait pas. Eh bien,
                            faites !
                 C'est ainsi que treize officiers furent nommés.

                 Lors d'une autre entrevue, le Commandant en profita pour présenter à l'Empereur
                 sept  nominations  pour  la  Croix  de  la  Légion  d'Honneur.  Napoléon  passe  outre
                 jugeant, sans doute, que la demande est exagérée. Claude TESTARD insiste "Sire,
                 ce ne sont pas des services à rendre mais des services rendus que je propose !".
                 L'Empereur  répond  "Accordé,  mais,  vous  ne  sollicitez  rien  pour  vous-même  ?"
                 "Sire, je n'avais pas autre chose à demander à Votre Majesté."
                 Mais Napoléon connaissait trop bien les hommes pour ne pas savoir que celui qui
                 fuit les honneurs les mérite et, sur-le-champ, il le décora lui-même, le 17 avril 1813.
                 Le lendemain, TESTARD devait paraître devant l'Empereur avec les insignes de sa
                 nouvelle  dignité  et…  il  n'avait  pas  de  croix.  Il  en  trouva  une  à  acheter  dans
                 Mayence, elle était énorme et l'Empereur rit beaucoup en la voyant attachée à son
                 habit.
   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13   14