Page 7 - TESTARD_Claude
P. 7
Une autre fois, au nom de la tolérance et de la liberté, il avait ordonné, sous peine
de mort, à chaque soldat de tuer sans une autre forme de procès tout prêtre qu'on
pourrait trouver. TESTARD était alors campé en plaine quand, ennuyé de l'inaction,
il prend un fusil et sort dans la campagne pour chasser. Il lui fallait traverser un
ferme, et la porte mal jointe d'une grange lui laissant apercevoir de la lumière à
l'intérieur, il l'ouvre et se trouve en face d'une grande multitude de personnes
pieusement agenouillées avec un prêtre qui disait la messe. La capture était bonne,
elle pouvait servir utilement à la fortune d'un soldat, mais le nôtre n'était pas
homme à l'acheter à ce prix. Il referme la porte sans faire de bruit, s'éloigne dans
les prairies et rentre au camp, aimant mieux exposer sa vie que souiller ses mains
par le meurtre d'innocentes victimes. De pareilles actions mériteraient de vivre
dans la mémoire des hommes, mais Dieu ne tardera pas à se souvenir de la grange
vendéenne.
TESTARD, un jour, faisait, à la tête de son détachement, une battue dans les bois
dont le pays est couvert, quand il lui arrive, d'assez près, une balle en pleine
poitrine. A la douleur qu'il ressentit, il se crut mort, mais en y portant la main, il
trouva la balle à ses pieds, repoussée par son porte -monnaie. Ce n'était d'ailleurs
pas la première fois qu'il se voyait atteint par le feu de l'ennemi.
er
Le 1 septembre 1793, il est embrigadé dans la 17 ème Demi-Brigade d'Infanterie de
ligne. C'est le début de sa participation aux Batailles révolutionnaires. Il participe
aux campagnes de l'armée de l'Ouest. En 1793, au moment de la levée en masse,
la rébellion se déclenche, tout d'abord comme une jaquerie puis comme un
mouvement contre-révolutionnaire. Claude TESTARD est blessé d'un coup de feu
dans la cuisse à la première bataille de La Gravelle opposant chouans et
républicains. Il ne tomba que le soir et une opération chirurgicale fut nécessaire.
Le soldat qui éclairait le médecin s'évanouit à la vue de la plaie. Cette défaillance
inopportune fit rire notre blessé qui, toujours maître de lui-même, ramasse la
chandelle et éclaire d'un bras ferme la douloureuse extraction du projectile.
A la prise de Noirmoutiers, en 1794, les pertes de l'Armée de l'Ouest sont de 130
morts et 200 blessés. En janvier 1795, l'Armée de l'Ouest occupe les côtes et les
places depuis l'embouchure de la Gironde jusqu'à celle de la Loire et la rive droite
de la Loire depuis le département de l'Indre-et-Loire (source SHD B 5/11-1). Bref,
la révolte vendéenne fait rage.
Le 22 septembre 1796, il rejoint les troupes de l'Artillerie de marine, toujours
Lieutenant. A l'époque, elle ne brillait pas la Marine ! Les Français disaient
"Périssent les colonies plutôt que la République" mais en réalité, c'était crier "Vive
l'Angleterre" car cette dernière arrivait ainsi à la domination des mers.
Dans une traversée, de Brest à Toulon, ses soldats avaient été obligés de faire le
service de la navigation. Il réclame pour eux la solde des matelots, puisqu'ils en
avaient eu la peine. Mais on ne l'écoute pas ! Il insiste, on refuse toujours ! Il part
alors pour Paris, obtient difficilement du Ministère ce qu'il demande et s'expose
ainsi au danger de déplaire et de se nuire à lui-même, pourvu que justice soit
rendue à ses inférieurs.