Page 4 - TESTARD_Claude
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Le 24 décembre 1864, Seine-Port a vu s'éteindre sur son lit de souffrance, un des
rares survivants des guerres de la république et de la grande épopée impériale. Il
nous a été donné, pendant les sept dernières années de sa longue existence, de vivre
dans l'intimité la plus étroite avec ce type achevé du soldat français, le premier soldat
du monde, par sa franchise et sa loyauté, peut-être encore plus que par sa bravoure.
Mais celui dont nous parlons y joignait une autre qualité, qu'on admirait tout en la
regrettant : c'était une noble et rare modestie. Dédaigneux de la gloire, parce qu'il la
dominait, et impatient de la louange, il ne parlait jamais de ses nombreuses
campagnes. Ce n'est donc qu'à la faveur d'épanchement intimes, de questions
indirectes et sans que notre vénérable ami s'aperçût de la ruse, que seul, nous avons
pu soulever un coin du voile et jeter un coup d'œil rapide sur sa glorieuse carrière.
Tant qu'il a vécu, sa modestie nous imposait des lois ; mais aujourd'hui qu'il n'est
plus, l'amitié nous dicte les siennes et nous nous croirions coupable si nous nous
faisions plus longtemps le complice de sa vertu.
Claude TESTARD naquit à Issoudun, le 14 octobre 1772. Il est fils de Claude,
entrepreneur, et de Marie Marguerite COUESTAULT. Il est le plus jeune enfant du
foyer, deux filles sont nées, avant lui, aussi à Issoudun :
- Magdeleine Sophie, le 3 juin 1768,
- Justine, le 25 avril 1769.
Archives départementales de l'Indre – Cote GG 110 – TESTARD Claude – Acte de naissance
Leur maman décède le 27 août 1786, les enfants ont respectivement, 18 ans, 17
ans et 14 ans.
Son instruction n'eut rien de brillant : elle se borna à l'instruction primaire de ce
temps-là. Mais ce qui lui manqua de ce côté fut racheté par la rectitude et la sûreté
du jugement, qui vaut mieux que la science et que l'instruction ne donne pas. Il
avait à peine dix-sept ans, lorsque la construction d'un pont, sur l'une des routes
de la contrée, lui fut adjugée à la mairie de sa ville natale. Ce pont existe encore ;
il faut donc que la direction de cet architecte improvisé n'ait été trop inhabile.
Ses concitoyens ne tardèrent pas à lui donner un autre témoignage de leur
confiance et de leur estime. Les fêtes de la Fédération s'organisaient à Paris, et les
prétendants à cet honneur ne manquaient pas dans le Berry ; mais le choix du