Page 8 - TESTARD_Claude
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Sous le drapeau maritime, à cette époque, il y avait pour le soldat, beaucoup de
fatigues et de dangers à essuyer. TESTARD, aussi désintéressé qu'intrépide, obéit
sans regret et ne pensa qu'à faire son devoir. Son mérite fit jour le 2 juillet 1798, le
Directoire lui envoyait son brevet de Capitaine. A partir du 6 juillet 1798, il est
toujours à bord d'un ou autre navire… :
- du 16 mars au 16 septembre 1798, puis du 22 septembre au 23
novembre 1798, à bord de l'Océan,
- du 21 avril au 11 août 1799, à bord du Terrible.
Jamais distinction ne fut mieux justifiée. Le capitaine TESTARD avait remarqué
quelques défectuosités dans la monture des canons et proposa une réforme qui
fut mal accueillie de ses collègues. Mais l'essai fit taire la critique toujours un peu
jalouse, et dépassa même les espérances de l'inventeur, qui sut utiliser sa
découverte contre les Anglais…
Les frégates britanniques, à une distance inaccessible aux boulets, étaient venues
parader en face de nos côtes, lorsqu'un jour, le brave capitaine commandait une
batterie sur les rivages de l'océan. Il ordonna le feu, en ne faisant mettre d'une
demi-charge dans les pièces. Les Anglais, dupes de ce stratagème, croient pouvoir
avancer sans péril et nous défier de plus près. Mais les canons français retrouvent
à l'instant leur vigueur et portent le ravage dans les vaisseaux ennemis qui
s'empressent de s'abriter en gagnant le large.
Le 20 juin 1799, il est remis à la disposition de l'Armée de l'Ouest, et est positionné
sur les batteries de la rade Brest du 18 août au 12 novembre de la même année. Il
reste stationné au camp de Saint-Renan du 15 juin au 15 juillet 1800. Le 28
septembre suivant, il est appelé à l'armée d'Italie pour commander une colonne
de grenadiers dans l'avant-garde de l'armée d'observation du midi. Il fallut passer
le mont Saint-Bernard, au mois de janvier, sous la conduite du Général SARRASIN,
de triste mémoire. Tout le monde roulait dans la neige, SARRASIN y roulait comme
les autres et les soldats, plaisantant sur son nom, se disaient en le voyant tomber
"Regardez donc, le blé noir qui se mêle avec la farine !". – "TESTARD ! lui dit le
général qui préférait en rire plutôt que de s'en fâcher, avec de pareils soldats nous
serions capables d'entrer en enfer." Près de deux années s'écoulèrent en Italie,
dans les cantonnements de la Calabre. Les Italiens ont un peu l'habitude de dormir
le jour et de faire, durant la nuit, de la musique en pleine rue. Ces accords
nocturnes n'étaient pas toujours du goût de nos officiers qui, voulant se reposer,