Page 5 - Notice de la fête à Saint Assise
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villages voisins, qui ont tous été priés de s'y placer. Au centre était M. le commandant en chef, ayant à ses côtés, de
droite et de gaucher, MM. Les maires et officiers capitaines et quelques officiers des gardes nationales, puis quelques
amis et parents de M. le commandant, et, enfin, tous les citoyens des deux paroisses, mêlés et confondus avec leurs
autres officiers, sans aucun privilège ni distinction de places ou de mets. A peine a-t-on été rangé et le repas
commencé, que M. le commandant, demandant le silence, a porté la première santé, la plus respectable de toutes,
celle de la nation, en recommandant l'ardeur la plus vive et la plus sincère. Une décharge de quatre canons et de
deux boëtes, placés sur la terrasse inférieure, et de plusieurs fusils, a répondu par le feu le plus vif à celui qui animait
les convives, ,et les santés suivantes ont été célébrées avec les mêmes transports : 2 – celle du sénat de la France,
auteur de notre félicité naissante, 3 – celle du roi Louis XVI, restaurateur de la liberté française, 4 – celle de la reine
et de monseigneur le dauphin, 5 – des 83 départements de France, 6 – de toutes les gardes nationales du royaume,
et cette santé a été sanctifiée par un embrassement général, en signe d'union et d'amitié, non seulement entre les
assistants, mais encore entre toutes les autres gardes nationales de l'empire français, 7 – M. MONRILLIER,
administrateur du district de Melun et président du directoire, présent à cette fête, se joignant à MM. Les maires
des deux paroisses, a demandé à porter la septième santé, une santé bien chère à tous les convives, celle de M. le
commandant en chef. La seule proposition en a été accueillie avec la plus franche ardeur ; et cette santé a été
célébrée avec des transports de joie et des acclamations sans fin. Peu de temps après, M. le commandant, voulant
prendre sa revanche, a annoncé une huitième santé, celle de M. le président du directoire, de MM. les maires et
officiers municipaux de Saint-Port et Cesson, qui n'a pas été servie avec moins d'empressement que les précédentes.
La neuvième santé, portée avec une joie fraternelle, a été celle de toutes les troupes de ligne ; la dixième a été tirée
en l'honneur de M. de la FAYETTE, commandant-général de la garde nationale parisienne, cet intrépide défenseur
de la liberté dans les deux hémisphères ; la onzième a été consacrée à la gloire de nos frères les Parisiens ; enfin, au
milieu de l'enthousiasme qui brillait dans tous les yeux, qui enflammait tous les cœurs, beaucoup d'autres santés
ont été bues ; puis ont suivi plusieurs chansons, composées et chantées par des amis de M. DESTILLIÈRES, et répétées
en chorus par tous les convives, tant à la gloire de cet aimable commandant, qu'à celle de la nation, de la patrie et
de la liberté, qui ont achevé de porter l'allégresse à son comble.
Mais ce qui a paru le plus admirable, dans ce festin vraiment fraternel, au milieu de toutes ces santés, c'est que
l'honnêteté, la décence et la cordialité ne se sont point démenties, parmi les vives émotions de la gaieté, et qu'on a
vu régner ensemble, par un heureux accord, la sobriété avec l'abondance, la douce paix avec les jeux folâtres, et le
calme le plus parfait au sein des plus bruyants transports.
La table n'était point encore levée, qu'un nouveau spectacle, non moins touchant que tout ce qui avait précédé, est
venu porter la sensibilité dans tous les cœurs, c'était l'arrivée des dames citoyennes des deux paroisses [ces dames
avaient déjà reçu de M. DESTILLIÈRES des témoignages de sa sensibilité à leur démarche] et autres, qui étaient
invitées pour l'après-midi. A cette vue, l'allégresse a pris un accent plus tendre ; les attentions, les soins, les
empressements, rien n'a été épargné, pour les bien accueillir ; tous les convives, M. le commandant à leur tête,
donnant toujours l'exemple de l'affabilité, et les principaux officiers se disputaient, à l'envi, l'honneur de les servir
et de leur présenter des rafraîchissements de toute espèce. Après cette réception, dont les époux, les pères et autres
parentes n'ont pu être témoins sans la plus douce émotion, les cavaliers ont offert la main à ces dames, pour les
conduire dans une allée voisine, destinée à former des danses, où elles étaient attendues par la musique, placée à
hauteur, sur un amphithéâtre, et où, M. le commandant a, le premier, ouvert le bal avec M. DESGRANGES, épouse
de M. le maire de Saint-Port.
Lorsqu'on était occupé de ce divertissements et de plusieurs autres, que chacun choisissait suivant son inclination,
on annonça l'arrivée du coche sur la Seine. Aussitôt, à l'ordre de M. le commandant en chef, les capitaines et officiers
font appeler toute la troupe, la font placer sur une seule ligne, au-dessus du balcon et dans toute la longueur du
château ; et avant que le coche fut arrivé en face, le drapeau, porté au milieu des maires, officiers municipaux, tous
en écharpe, et d'un groupe d'officiers de la garde nationale, fit le premier salut ; et à l'instant, un feu roulant, tant
des fusils que de canons et des boëtes se sont fait entendre, jusqu'à ce qu'il ait été passé, et même assez loin de la
vie, ce qui a produit un spectacle si ravissant et une sensation si délicieuse pour tous les voyageurs, par lesquels se
trouvaient des gardes nationales et des députés qui retournaient de la confédération et qui répondaient par
plusieurs décharges, et en faisant briller leurs armes, que deux particuliers se sont détachés, pour venir, au nom de
tous leurs co-voyageurs, témoigner de la reconnaissance générale, et la satisfaction inexprimable qu'avait produit
sur tout l'équipage ce magnifique coup d'œil, dont on ne pouvait se former, à juste idée, qu'à la distance et à la place
où ils étaient alors.
Ces démonstrations d'amitié et de fraternité témoignées à la nation, dans la personne de ces bons Français, les
danses et autres amusements ont recommencé ; et à mesure qu'il arrivait des dames et des messieurs, soit de la
ville de Melun, soit des villages circonvoisins, ils étaient reçus avec autant de politesse que d'affection ; on leur
présentait tous les rafraîchissements qu'ils pouvaient désirer (M. le commandant, MM. ses frères et ses amis se
donnant tous les mouvements possibles pour que chacun fût satisfait) puis ont les engageait à prendre part à tous
les amusements de la fête, qui a continué, de cette manière, bien avant dans la nuit, et pour laquelle avait été mandé